Manchester City, la folie rationnelle

Suite à son encourageant résultat au Parc des Princes, City disputera mardi son ticket pour le dernier carré de la Ligue des Champions. Un objectif de longue date pour ce club ultra-ambitieux, où la démesure financière côtoie l’intelligence stratégique.

10.04.2016

Cela fait des décennies que l’écusson de Manchester City est finement cousu sur du bleu ciel. Couleur froide, la teinte a longtemps été idéale pour enluminer les résultats placides de ce second couteau. C’était le temps où le slogan Pride in Battle perlait vaillamment sur l’égide, attribuant à l’institution un rôle de paria identitaire. La fonction semblait vitale à une ville de Manchester dépourvue de son essence, embourgeoisée par ces notables Diables rouges.

City

Article publié dans « Le Matin Dimanche » du 10 avril 2016

Toutefois, cette ode à l’authenticité ressemble peu à peu à un discours de perdants. « Quand on arrivait à obtenir un corner à Old Trafford, on considérait que notre saison était réussie » se remémore un supporter citizen pour le magazine So Foot. En 2008, la société de capital-investissement Abu Dhabi United Group perçoit la faille, et s’empare des Skyblues. Le but est limpide; débarrasser la salle des trophées de cette horripilante poussière qui s’y accumule depuis 32 ans.

Placardant le club d’une avide ambition, le groupe émirati propulse brusquement Manchester City au salon des puissants. « Si le mécénat et les injections financières forment un phénomène répandu dans le monde du sport, jamais le football n’a connu d’ascension sociale aussi abrupte. City a véritablement transformé sa condition. Aujourd’hui, le montant total des investissements dépasse largement le milliard » compte Blair Newman, journaliste sportif pour diverses revues anglaises. Skyblue de 2007 à 2009, l’international suisse Gelson Fernandes a vécu cette métamorphose : « Aux entraînements, l’ambiance n’était plus la même. Cela ne rigolait plus, ou beaucoup moins. L’effectif et le staff s’étoffaient à mesure que la pression grimpait. Je le sentais; le club pénétrait dans une nouvelle ère.»

Manchester-City-Etihad-stadium

Une ère qui devra attendre 2011 pour connaître son premier titre; une F.A. Cup difficilement arrachée à Stoke City. Le véritable sacre, lui, survient un an plus tard. Le 13 mai 2012, l’ultime journée de Premier League se narre à l’hollywoodienne. Alors à la lutte avec son historique rival pour le titre, City est malmené par Queens Park Rangers sur sa pelouse (1-2). Les Citizens renversent la vapeur grâce à Dzeko (90+2) et Agüero (90+4), offrant à ses fans un trophée attendu depuis 1968, mais surtout une quête émotionnelle, des héros charismatiques et le scalpe de l’ennemi. Toutes les pièces pour construire un storytelling de succès, formidable outil commercial, sont désormais réunies.

Guardiola en chef d'orchestre

En juin 2015, les experts du site BrandFinance positionnent Manchester City à la quatrième place des marques footballistiques les plus fortes au monde, les plaçant même devant le Barça. Un résultat qui ne surprend guère Blair Newman, jugeant la stratégie du club aussi significative que son budget : « Les ressources financières sont une chose, mais la capacité à les gérer en est une autre. Si les hauts dirigeants de Manchester City ont pour origine le golfe Persique, leur mode managérial est parfaitement occidentalisé. Comme la plupart des héritiers émiratis ou qataris, le président Al Mubarak a fait ses études aux Etats-Unis, dans l’une des meilleures universités du monde. » Pour l’opérationnel également, le board s’arme substantiellement. A titre d’exemple, Omar Berrada a été appointé directeur commercial du club après 7 années passées au FC Barcelone. Economiste de génie, il est notamment réputé pour avoir ardemment défendu l’idée d’un maillot blaugrana vierge de sponsor.

« Les recrus dynamisent les mécanismes promotionnels mais peinent à s’imposer » DailyTelegraph

En outre, au-delà de la bonne marche des affaires, la sphère sportive se perce de doutes. « Sur la pelouse, les leaders sont les mêmes depuis le dernier titre en 2014. Les recrus dynamisent les mécanismes promotionnels mais peinent à s’imposer » assène le DailyTelegraph. Alors, la direction émiratie mise à nouveau sur le capital humain en la personne de Pep Guardiola, « le chef d’orchestre que City a besoin pour harmoniser ses dimensions économiques et sportives » relate le journal londonien. L’Espagnole débarquera à Manchester cet été. En attendant, les Skyblues y accueillent mardi le PSG pour un match retour affriolant. Une rencontre qui a le pouvoir de rapprocher City du firmament, et d’ainsi rendre hommage à sa céleste parure.

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